Que se passe-t-il au sein du FMC ?

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Que se passe-t-il au sein du FMC ?

Par Abdelaziz Djaout


Il m’arrive parfois de me demander à qui les associations communautaires (qu’elles soient musulmanes, arabes ou algériennes) appartiennent-elles. À la communauté qu’elles disent servir, aux membres qui les constituent et les financent, ou plutôt à leur seul leadership ? Comment ce droit de propriété devrait se traduire sur le plan du contrôle stratégique des orientations et des activités de ces associations ?

En attendant de trouver des réponses théoriques et pratiques satisfaisantes à ce genre de questions, il est nécessaire pour nous tous, activistes ou non, d’observer, voire d’étudier, la dynamique interne et externe de notre tissu associatif. Cette dynamique, observée objectivement, ne manquera certainement pas de nous informer sur les efforts louables, parfois herculéens, que ces associations déploient pour servir les intérêts de leur communauté. Mais ces efforts, aussi louables soient-ils, ne devraient pas non plus nous empêcher d’interroger les stratégies et les pratiques qui ont cours actuellement au sein de ces organismes. Cette critique, nous le savons tous, est un principe reconnu comme une pratique saine aussi bien par l’enseignement islamique que par la sagesse démocratique séculière.

Ainsi, le Forum musulman canadien (FMC), un organisme important de la communauté musulman du Québec, vit ces jours-ci une crise que nous devrions tous méditer. Les principaux dirigeants de l’organisme, après avoir initié un processus de réforme organisationnelle devant aboutir à la mise en place d’une structure fédérative fonctionnant selon des règles démocratiques, semblent en désaccord sur les suites à donner à leur projet. Au point où ils viennent d’annoncer l’arrêt de ce processus et que, de surcroît, plusieurs organismes anciennement membres du Forum semblent s’être retirés de sa composition (notamment BADR, le Regroupement des Algériens du Canada et le Regroupement des Marocains du Canada). 

Selon certaines sources, le problème réside dans le non-respect de la règle démocratique, règle qui n’aurait pas donné les résultats escomptés par certains. En clair, n’ayant pas été élues au sein du nouveau CA de la nouvelle Fédération, certaines personnes auraient décidé de la saborder et de revenir à l’ancienne formule du Forum. 

En fait, l’analyse des multiples communiqués publiés par ces dirigeants semble clairement confirmer ces allégations. En effet, par voie de communiqué émis en date du 23 janvier 2008, les dirigeants de la nouvelle entité avaient bel et bien annoncé la création de la Fédération des musulmans canadiens. Dans ce communiqué, signé par le président de l’organisme, le Docteur Bachar Elsolh, on apprenait que la Fédération avait même tenu sa première assemblée générale « à Montréal samedi le 19 janvier 2008 afin d’approuver sa charte et d’élire son conseil d’administration ainsi que son président ». Il est donc permet de supposer que le 23 janvier, date du communiqué, le conseil d’administration en question était déjà rentré en action et que, officiellement, le Forum, ayant cédé la place à la Fédération, n’existait plus. 

Or, le 29 mars dernier, c’est le Forum, et non la Fédération, qui publie un nouveau communiqué dans lequel on pouvait lire : « Basé sur le développement de dernière minute, et après profonde réflexion  de toutes les circonstances, les associations de signataire ont décidé de demeurer sous le flambeau du Forum Musulman Canadien (FMC-CMF) et d’arrêter sa participation dans le projet de la création de la fédération musulmane canadienne. » 

Quel est ce développement ? Quelles sont ces circonstances ? Que s’est-il passé entre le 23 janvier, date du premier communiqué, et le 29 mars, date de l’annonce de la mise à mort d’un projet sur lequel ont travaillé plusieurs organismes depuis des mois ? Le communiqué ne le dit – j’allais presque dire évidemment – pas. Or, ne serait-il pas légitime de notre part de demander aux responsables de nos organismes (FMC ou autres) un minimum de transparence ? Quand on y réfléchit bien, n’est-ce pas cette obscurité qui autorise et perpétue les comportements qui ont fait échouer ce projet et combien d’autres ?


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