L’ADQ et nous : Coupables jusqu’à preuve du contraire

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L’ADQ et nous : Coupables jusqu’à preuve du contraire

Par Samy Chikhaoui 


C’est reparti pour un autre tour. L’ADQ exige un nouveau débat sur le volume des flux migratoires et l’intégration des nouveaux arrivants. Certes, l’opportunisme dans le domaine politique est de nos jours une qualité très prisée, mais eu égard au vide idéologique qui caractérise la démarche adéquiste, force est de constater que ce désir ardent de vouloir replonger le Québec dans un ennuyeux débat sur l’immigration, relève tout simplement de l’acharnement sadique.

Les deux  autres principales formations politiques au Québec; Le Parti québécois  (PQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ) ont rejeté du revers de la main, l’invitation de Mario Dumont pour une énième orgie politique afin de caser ad libitum du sucre sur le dos du méchant immigrant. Une décision qui risque de laisser l’ADQ seule dans sa cabane à sucre.

Cette fois-ci, L’ADQ en mal d’inspiration et en perte de vitesse dans la faveur populaire, comme le montrent de nombreux sondages, se saisit des révélations faites par le Journal de Montréal, sur l’avenir de la langue française pour identifier, juger et condamner le coupable sans la tenue d’un procès et sans enquête. Bravo super Mario !

Cela prouve une seule chose : l’ADQ manque terriblement d’initiative. Il est à la recherche d’un nouveau thème pour sa prochaine campagne électorale et pour y arriver l’ADQ n’a pas trouvé mieux que de pratiquer sans vergogne le plagiat politique en utilisant une misérable revue de presse comme plate forme électorale.

Mais qu’en t-il vraiment de l’avenir de la langue française à Montréal et de « la menace ethnique » ?

Le Québec a été la première province à négocier un accord avec le gouvernement fédéral pour avoir un droit de regard absolu sur les choix des immigrants qui voudraient s’installer au Québec. À l’exception de l’enquête sécuritaire qui reste soumise à l’approbation fédérale, tout le reste, dépend essentiellement des besoins de la province et de ses choix et orientations politiques. Le Québec a donc choisi, depuis les années 80s, ses immigrants en fonction de sa spécificité linguistique.

Le hic est que ces milliers d’immigrants francophones se sont vite rendus à une évidence amère; la langue française est loin d’être un atout pour vivre au Québec. À leur arrivée, réconfortés par cette proximité avec la langue et la culture françaises, ils pensaient retrouver sur cette terre un terreau pour faire pousser leurs rêves. Echec et mat. Dans toute entrevue d’embauche, parmi les toutes premières questions qu’on pose aux infortunés immigrants est la fameuse : How about your english ? Sans parler de l’expérience canadienne, de la reconnaissance des diplômes, du profilage racial, de la discrimination et du favoritisme appelé ici, par euphémisme, « réseautage »  

Tous ses problèmes Mario Dumont et l’ADQ n’en parlent jamais.

L’ADQ veut limiter le nombre des immigrants à 45 000 par année. Nous sommes là en présence d’une autre preuve de l’incurie de l’ADQ en matière d’immigration. En effet, le Québec, comme le démontrent de nombreuses études, est une province qui a énormément de difficultés à garder ses immigrants. Beaucoup de nouveaux arrivants utilisent la province uniquement comme une piste d’atterrissage. Après quelques mois, voire quelques années, lesdits nouveaux arrivants, déménagent dans une autre province. Il est donc tout à fait normal de maintenir des seuils d’immigration assez signifiants pour assurer au Québec une pérennité de main d’œuvre, mais aussi de consommateurs qui sont le fuel de toute économie qui se respecte.

L’ADQ est en plein délire, quand ses dirigeants insistent pour voir les immigrants parler français même chez eux. Allons-nous, être forcés, un jour, de passer examen de détecteur de mensonges, pour démontrer à l’ADQ que nous pensons en français aussi. L’immigrant pasteurisé, javellisé, dépouillé de tout son bagage culturel n’existe que dans la tête de Mario Dumont. Est-ce de notre faute si les réalités ne correspondent pas aux délires d’un parti politique qui malgré ses apparences de parti moderne fonctionne selon une logique strictement tribale ?


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