Campagne électorale : Un océan de chiffres et un désert d’idées

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Élections fédérales 2008

Campagne électorale : Un océan de chiffres et un désert d’idées

Par Samy Chikhaoui 


Le 14 octobre prochain, les Canadiens sont appelés à élire un nouveau gouvernement. La campagne bât son plein et encore une fois nous sommes ensevelis sous une avalanche de chiffres. Pour le citoyen lambada qui essaie de se faire une idée ou de choisir un camp, force est de constater que cette manie, cette fixation sur les chiffres n’est  pas de nature à favoriser une véritable compréhension des enjeux, ni des différents programmes.

Certes, comme on l’a constaté lors des dernières élections législatives au Québec, il ne suffit pas de coucher sur papier une interminable liste de promesses sans aucun plan financier, mais il faut admettre en revanche, que les chiffres ne peuvent en aucun cas constituer un programme. Suffit-il de dire aux niais que nous sommes que tel parti compte dépenser 2 milliards de dollars dans tel secteur pour nous convaincre de voter pour lui ? Où sont les idées, où sont les visions, où sont les identités des partis ? Nous sommes restés sur notre faim ! Qui peut dire aujourd’hui la différence entre le Parti vert et le Nouveau parti démocratique, qui pourrait faire la distinction entre le programme économique du NPD et celui du Bloc québécois si nous excluons les questions strictement liées à la souveraineté, bien évidemment ? Elle est où la différence entre la position du Parti conservateur et du Parti libéral du Canada sur la mission canadienne en Afghanistan ? Cette campagne est en fait une orgie de chiffre qui n’a qu’un seul but : abrutir l’électeur et le convaincre que des gens capables d’utiliser une calculatrice pensent à lui et à son avenir.

Chaque semaine des sondages sont publiés pour nous donner, presque instantanément, la position des différents protagonistes dans la course. Il faut  tenir en haleine le merveilleux peuple qui  ne doit pas rater aucune seconde ni aucun détail de ce reality-show soporifique. Les sondages sont bien sûr utiles pour les états-majors des différentes formations politiques, mais d’aucuns s’accordent à dire que les sondages sont d’abord un outil pour construire et façonner l’opinion, plutôt que de l’éclairer ou de la refléter.

Bien sûr, les spécialistes de l’image, les experts en communication et toute une clique de charlatans, passent chaque jour à la télévision pour nous dire leur opinion sur la cravate de Harper, les lunettes de Dion et la moustache de Layton. Bien sûr, comme si nous étions dans un gala de boxe, d’autres spécialistes viennent après chaque débat, pour séparer les vainqueurs des vaincus. Bien sûr, nous ne sommes pas des rêveurs, nous savons que le décor de la politique est le décor du théâtre. Nous savons, depuis l’avènement des mass-medias que l’État moderne est un État-spectacle, mais de grâce ayez un minimum de respect pour notre intelligence et offrez-nous un meilleur spectacle.

Avez-vous entendu, ne serait-ce qu’un petit mot sur l’Immigration et la citoyenneté durant les débats ? Non, bien évidemment. Pourtant, dans un pays qui veut recevoir chaque année 250 000 nouveaux immigrants, comment peut-on évacuer une telle question ?

La réalité est bien simple, aujourd’hui, les partis politiques ne s’adressent plus au peuple, ils s’adressent surtout et uniquement aux cercles d’influence, aux grandes corporations, aux pétrolières, aux banques, autrement dit aux vrais décideurs et aux vrais maîtres de la société. Rassurez-vous, l’idée ici n’est pas de jouer les don Quichottes contre les méchants impérialo-capitalistes, mais tout simplement de souligner que l’électeur aujourd’hui, n’est qu’un simple figurant dans une ridicule comédie qui ne veut pas dire son nom.

Le 14 octobre prochain nous irons voter, nous choisirons nos élus en fonction de la quantité et de la nature de la toxine que les médias auront réussie à nous injecter.

La démocratie est malade, mais quand même, circulez SVP, il n’y a rien à voir !


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