Abbas Ibn Ferness au Féminin
Abdelkader Kherrat (*)
Quand on observe un avion dans le ciel, on éprouve souvent un sentiment d’admiration et la question qui revient souvent à l’esprit est « comment des tonnes de métal peuvent-elles être soulevées dans les airs?». Ce domaine a attiré l’intérêt des hommes et des femmes à travers le monde et les âges.
La civilisation musulmane est riche d’exploits scientifiques de tous genres y compris en aéronautique à travers l’épopée de Abbas Ibn Ferness. Ce pionnier de l’aéronautique que le monde a connu en 810 et a pleuré en 887. Cet homme de l’Andalousie qui a failli perdre la vie à 65 ans, en essayant de voler avec sa confection d’ailes en bois recouvertes d’un habit de soie garni de plumes de rapace. Il a réussi l’exploit de rester dix minutes dans les airs et qui lui a coûté les deux jambes cassées à l’âge de la retraite. Une histoire de fierté à raconter à nos enfants. Cependant, nos enfants pourront nous dire, à juste titre, quand est-ce arrivé ? Et depuis, qu’avons-nous fait ? Y a-t-il eu un autre Abbas ?
Le monde musulman commence à redécouvrir cette passion de la découverte, si bien qu’un homme à la retraite ne pense plus à passer son temps dans un café ou une mosquée à tuer le temps, mais à essayer de voler au risque de perdre l’usage de ses jambes.
Ben Ouali Sais, un des Abbas Ibn Ferness de l’Algérie, s’est écrasé en 2003 avec son avion Touffa-5 avant de réussir son second vol en 2004. Avec la sienne, il y a eu au moins dix tentatives de fabrication d’engins volants en Algérie.
Les jeunes étudiants finissants de l’institut d’aéronautique de Blida font partie de cette catégorie. Sauf que ces jeunes veulent tenter leur chance avant l’âge de la retraite.
En 2006, nous avons connu le Chirad, et maintenant la gent féminine nous a démontré que ce domaine n’est pas réservé exclusivement aux hommes de cette communauté.
Asma Mayouf et Imen Saïd Kouadri, deux jeunes filles, qui, avec l’aide du maître charpentier Abdelhadi Troudi, ont pu fabriquer un avion à une place sous la supervision de leur promoteur et professeur à l’Institut d’Aéronautique de Blida, Hocine Bentrad. Cette équipe et sa réalisation méritent tout notre respect et toute notre admiration.
On voit clairement la fierté de ces deux jeunes filles et de leurs parents. Et dire que Abbas Ibn Ferness n’est pas seulement une légende, il est de retour et il se matérialise à travers nos jeunes hommes et même à travers nos jeunes filles.
Notre admiration va à vous deux Asma et Imen, et Merci pour cet exploit. Vous pouvez porter fièrement ce pseudonyme de « Abbas Ibn Ferness au féminin ».
Ce n’est que maintenant que nous pouvons dire à nos enfants qu’Abbas Ibn Ferness est de retour dans notre région.
Bravo à l’institut d’aéronautique de Blida pour la découverte des Abbas Ibn Ferneys de l’an 2000 après plus de 1000 ans d’absence.
(*) : Kherrat Abdelkader travaille comme ingénieur à Bombardier Aéronautique
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