Le message du silence

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Le message du silence

Enfin ! Les législatives algériennes sont passées. Avant de les oublier complètement, un message clair et fort du silence qui l’a fait, au moins ici en Amérique du Nord, doit cependant retenir notre attention si l’on veut que ces “élections” servent au bout du compte à quelque chose. Ce message crie, en effet, du silence de ces milliers d’Algériennes et d’Algériens qui ont boudé l’urne, qui ont préféré rester chez eux, qui ont refusé de se déplacer pour “choisir” un représentant qui parlerait en leur nom au sein du parlement algérien.

Certains, adeptes de la langue de bois, ne rougiraient certainement pas pour mettre ce silence sur le compte du manque de temps des électeurs, sinon de leur désinvolture ou je-m’en-foutisme. La vie d’immigrant de ces derniers est en effet infernale et ne leur laisse que peu de temps pour s’intéresser à la chose publique, particulièrement quand celle-ci porte sur une réalité algérienne qui, apparemment, ne les touche plus directement. Cette interprétation ne saurait pourtant nous convaincre, car elle sous-estimerait l’amour qui couve dans le cœur de ces milliers d’Algériennes et d’Algériens à l’endroit de leur pays d’origine. Oui, l’Algérie compte, et elle compte même énormément pour ses enfants qui n’ont pas voté. Pourquoi, dès lors, se sont-ils abstenus de le faire ?

En un mot, et contrairement à ceux qui croient qu’il est inutile d’avoir un député ici, c’est plutôt parce qu’elles/ils savaient pertinemment et tristement que ces élections n’étaient qu’un simulacre, un faux-semblant, qu’elles/ils n’ont pas voté. La démocratie algérienne n’en est pas une. À l’image de la réalité dans la majorité des sociétés arabes et musulmanes, les populations ne sont “consultées” que pour sauver les apparences. Les décisions qui comptent, celles qui façonnent le présent et engagent l’avenir de ces pays se prennent ailleurs, dans la noirceur, loin des regards et, surtout, des préoccupations des honnêtes gens. Ils se prennent par des hommes et des femmes que nous ne connaissons pas et qui ne cherchent eux-mêmes aucunement à nous connaître. Aussi, pourquoi donc participer à leurs fourberies ?

Non. En refusant de voter, les Algériennes et les Algériens crient leur désaccord avec des procédés qui ont fait, et mal fait, leur temps. Elles/ils disent, avec toute la puissance de leur silence, que l’Algérie mérite mieux. En effet, que ce soit au nom de Dieu, des principes de Novembre, de la modernité, de la patrie, ou de ce que vous voulez, l’Algérie et ses enfants méritent plus… et beaucoup mieux. Ils méritent une vraie démocratie, au service de ses citoyens et seule à même de rendre espoir, de faire naître la confiance et de mobiliser les ressources et les énergies pour l’intérêt du pays et du peuple.

N’est-il donc pas venu le temps d’entendre ce message et d’y répondre ?

Par Abdelaziz Djaout


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