La jeunesse arabe survole les vestiges de son élite

La jeunesse arabe survole les vestiges de son élite


Y’en a qui ont dit qu’il était mort, y’en a qui l’ont annoncé dans le coma. Y’en a même qui ont commencé à lui chercher des substituts de synthèse en grattant dans les fossiles, ils sont allés aussi loin que les pharaons. Mais le peuple arabe est vivant. Il a confirmé son génie en inventant le « e-révolution » … pacifique.

Ce que les jeunes d’Égypte et de Tunisie ont réalisé a insufflé la vie à toute une nation, à tout un peuple. Ces jeunes nous ont rendu notre dignité, notre fierté. Grâce à eux, nous pourrons marcher la tête haute et regarder les nations dans les yeux. Vous n’êtes plus infréquentables, vous avez et allez inspirer le monde en entier.

Les élites arabes ont comme à leur habitude été prises de court. Leur impuissance chronique est légendaire. Elles ont fait preuve d’un attentisme inexplicable et n’ont fait que prendre le train en marche. Trop intelligents pour être pragmatiques, trop égocentriques pour sacrifier quoi que ce soit qui puisse perturber leur misérable bien-être. Mais cela n’explique pas tout. C’est un bataillon qui a grandi dans une ambiance où le malheur de l’autre est correct, c’est aussi eux qui ont inventé la lâcheté intelligente. Peut être est-il temps qu’elles réalisent que les lois de la nature s’appliquent aussi à elles dans le sens que le changement ne peut se faire qu’au prix de sacrifices.

Même les donneurs de leçons démocratiques, se sont retrouvés en décalage par rapport à leurs principes. Les républiques bananières ont changé de camps. Des ministres pris, la peau au soleil, en flagrant délit de copinage institutionnel avec le clan des « bad-boys », justifient l’injustifiable et sont maintenus en poste contre vents et marées. C’est dire que le monde perd la boussole ou a perdu le nord ou plutôt… a retrouvé le sud.

Barack Obama, à juste titre, a dit que la révolution arabe va changer le monde. On reste pantois quand on constate que nos voisins du nord, d’habitude très prompts à commenter n’importe quel événement qui touche les indigènes que nous sommes, sont restés muets face à cet événement historique. Leurs intellos n’ont plus d’opinion tranchée sur rien. Même pas sur leurs propres ministres délinquants. On ne peut pas cacher une certaine jouissance qu’on ressent à voir ces maîtres à penser avoir l’air bêtes.

Les jeunes d’Égypte et de Tunisie ont surpris pas mal de monde, y compris ceux supposés nous observer jusqu’à dans nos salles de bain.

Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à notre propre révolutions qu’on a faite il y a 23 ans (ndlr : les événements du 05 octobre 1988). Nous pouvons vous confirmer qu’elle était belle, pour y avoir participé. Nous sommes pas mal sûrs que cette génération était fière du résultat que ça a donné. Jusqu’au jour où des politiciens « professionnels » ou disons plus précisément les « Poli-khobsistes » s’en sont mêlés. Notre révolution a été confisquée par ces politiques de carrière, peut-être restés trop longtemps en prison et dont on a surestimé les capacités. Certains ont trouvé des vertus à l’enfer, d’autres en réaction, ont marié le diable. Les deux groupes ont accouché de bâtards qui ont fait les réjouissances de grand papa de toujours.

Et puis, on est très fiers de ce que nos frères ont réalisé. Est-ce qu’on veut leur emboiter le pas pour refaire une autre révolution qu’on a déjà faite il y a … 23 ans. On y pense mais on ne sait pas encore. Nous sommes convaincus que notre génération est remarquable dans son amour pour la patrie, dans sa disposition au sacrifice et dans sa négation des calculs hypocrites. Elle est inclusive sans être soluble. Nous avons une grande confiance en nous. Nous sommes certains que nos décisions seront les bonnes. Nous n’avons pas peur de l’innovation et de la créativité. La porte est ouverte à toute sorte de révolutions : politique, culturelle, sociale, économique et scientifique. Qui plus est, avec les nouvelles technologies, nous seront certainement capables de mieux que ce qu’on avait fait un certain 5 octobre 88.

La rédaction
Salamontréal

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