Juste retour d’ascenseur !

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Juste retour d’ascenseur !

Par Abdelkader Kherrat


Depuis sa naissance, l’homme réclame de l’attention, celle de ses parents quand il est petit, celle de ses maîtres au primaire, celle de ses professeurs au lycée et à l’université, et puis celle du gouvernement et de la société quand il est adulte. Et lorsqu’enfin il fonde un foyer, il est absorbé à satisfaire les besoins de sa progéniture et économiser un peu d’argent pour sa retraite, et parfois, il réclame encore de la société et du gouvernement leur soutien et leur support pour l’aider à combler ses innombrables besoins.

Un constat trivial sur la nature humaine me diriez-vous ! OK, mais quand cela se prolonge à l’âge adulte et fait de nous des éternels débiteurs multidimensionnels, le malaise est trivial et ses effets néfastes.

Notre communauté grandit en nombre et la majorité d’entre nous est venue de très loin. Tout le monde a investi en nous: nos parents et nos institutions en Algérie. Même le pays d’accueil a continué à investir en notre présence. La question qui se pose, « Quand serons-nous reconnaissant envers tous ceux qui nous ont aidés à devenir ce que nous sommes maintenant?».

À chacun sa façon d’être reconnaissant : Être reconnaissant envers ses parents en leur envoyant un peu d’argent de temps en temps pour libérer notre conscience de la culpabilité d’être absent. D’autres font du bénévolat, car ils estiment que c’est la façon d’être reconnaissants envers sa communauté ici au Canada. Malheureusement, dans cette manière de faire, il ya deux grands absents, notre communauté dans nos pays d’origine ainsi que les plus démunis de la société d’accueil.

Être reconnaissant en tant que communauté est d’offrir plus que recevoir. La richesse d’une communauté est atteinte quand cette différence (en termes de services) est positive.

Je voudrais partager une expérience personnelle avec vous comme une preuve de concept qui pourra servir de base à un projet d’envergure qui sera piloté par un organisme comme le CCA. Ou minimalement, créer l’effet boule de neige et que tous ceux qui sont sur le bord de passer à l’action le fassent.

Après un passage en Algérie l’année passée et comme à chaque fois, j’ai assuré quelques présentations aux étudiants de ce qui se fait ici en terme d’ingénierie. Quelques bourgeons sont sortis de ce tronc et voulaient pousser l’expérience par des projets réels et d’approfondir leurs apprentissages et de se mesurer par rapport à ce qui se fait de l’autre côté de l’atlantique. Une expérience qui fait peur au début, mais qui offre un grand défi et la curiosité de voir le fruit, peu importe le sacrifice qu’elle va nécessiter.

Ce bénévolat a demandé quelques sacrifices certes, mais ça nous a donné la sensation d’avoir au moins essayé d’offrir, en espérant un jour que cette offre dépassera la demande : être utile et apaiser cette culpabilité du constat « un simple consommateur ».

L’action peut être vue comme banale et peut susciter le questionnement suivant : Il y a le gouvernement pour ça, pourquoi moi à 6000 km dois-je le faire ? La réponse est toute simple « pourquoi pas ! ».

Cette expérience m’a fait découvrir ce sentiment de ces dizaines, de ces centaines d’étudiants assoiffés de savoir et attendant cette main tendue sans aucun intérêt matériel juste des personnes qui veulent se soustraire de cette culpabilité d’être que de simples consommateurs de services.

J’ai pu avec l’aide du professeur, Mr Tahi Ali suggérer trois projets de fin d’études d’ingénieurs à titre d’avant-projet dans le domaine de l’aéronautique. Mouhcine, Ayoub, Lahcene, Hocine et Nasedine sont ces quelques étudiants qui ont pu bénéficier de cette expérience. Mais combien d’autres Lahcen, Mouhcine, Ayoub, Hocine et Nasredine attendent qu’on leur tende la main ?

Les commentaires et les propos des membres des jurys lors des soutenances étaient plus qu’élogieux. Vu que la réalité en Algérie est, que peu des PFE (Projets de Fin d’Études) ont une application industrielle dans le cas de l’ingénieur et plusieurs étudiants tombent dans des solutions faciles avec des PFE qui se répètent d’année en année.

Nous voulions faire les choses différemment et être encore plus présents pour ces étudiants. Nous avons assisté par téléphone à leur présentation et lors de la délibération afin de leur donner le dernier support moral lors de la présentation du sujet.

Je peux dire que cette mission a plus que touché sa cible, car nous croyons avoir donné et peut-être fait renaitre un espoir et un désir d’un jeune qui veut conquérir le monde.

Nous voulions partager avec vous cette expérience pour vous inciter et attirer votre attention à une communauté qui a besoin de nous et de notre présence à 6000 km d’ici. Avec de telles actions et d’autres, un jour nous offrirons plus que nous recevrons et nous deviendrons une communauté riche par sa présence en mettant en pratique la parole de notre Prophète «  là où nous sommes nous ferons profiter notre entourage ».

J’invite mes compatriotes qui peuvent donner de leur temps de passer à l’acte. Je suis sûr qu’il y a des centaines d’étudiants dans nos institutions qui n’attendent que cette main tendue. Je sais que plusieurs vont dire que c’est au gouvernement de faire ça, ce n’est pas à ceux-là que je m’adresse. On sait qu’il y a beaucoup de lacunes, mais commençons et nous deviendrons certainement une partie de la solution au lieu d’être inactif et faire partie de la problématique.

Ce cri je le lance à la place de cette jeunesse, et il ne faut pas attendre que chaque graine semée rapporte, immédiatement.

Merci et je dis longue vie à cette jeunesse assoiffée de savoir et qui attend comme un oisillon avec sa bouche grande ouverte réclamant le savoir de ses semblables. Soyons cet oiseau adulte qui nourrit ces oisillons qui voleront certainement par eux même en un temps record, et on pourra donner un sens à notre présence dans ce monde.

Votre humble serviteur AEK

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