Féministes maghrébines!

posted in: À découvrir | 0

Il y a également la féministe Louisa Hanoune, unique femme issue d’un pays arabe à la tête d’un parti d’opposition (le parti des travailleurs) et candidate aux dernières élections présidentielles. On peut également citer l’avocate tunisienne Radhia Nasraoui, militante des droits humains, qui pour qui l’égalité des droits des femmes rime avec l’égalité entre tous les citoyens.

Ces femmes sont des figures emblématiques de courants politiques modernistes et de mouvements de la société civile et de ceux des droits des femmes en particulier, malheureusement encore mal connus à l’étranger. Leurs actions visent à transformer la condition des femmes et revêtent une portée sociale plus vaste comme la revendication des libertés publiques et des prérogatives citoyennes.

Le mouvement féministe maghrébin emprunte le cadre de pensée à la fois aux pionnières maghrébines et aux pionnières occidentales, la proximité géographique et culturelle avec l’Europe aidant. Cependant, ce mouvement tire surtout sa légitimité de l’histoire du combat des femmes contre les oppressions coloniales et patriarcales locales.

Quelles que soient les sources et l’influence du féminisme maghrébin, celui-ci est d’abord porté par la formidable volonté d’émancipation des maghrébines. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, elles sont éligibles et ont acquis le droit de vote parfois depuis plus longtemps que certaines femmes de pays occidentaux mais leurs statuts sont infériorisés dans la sphère familiale. C’est pourquoi les féministes maghrébines se battent principalement pour la reconnaissance des droits juridiques des femmes et leur pleine égalité au sein du couple, de la famille et donc de la société.

C’est sur le terrain de la lutte contre les codes de la famille, véritables carcans coutumiers et religieux instrumentalisés, que les femmes se mobilisent surtout au Maroc et en Algérie. La Tunisie ayant dès son indépendance, en 1956, a élaboré un code de la famille relativement libéral. Très récemment, soit à la fin de 2004, le Maroc a réformé sa moudawana (code de la famille). L’Algérie lui a emboîté le pas au début de l’année 2005. Ces réformes tardives restent encore inégalitaires et insatisfaisantes. Cela n’empêche pas les femmes de continuer à investir la sphère publique ou des secteurs d’activités économiques qui se féminisent de plus en plus.

Dans un contexte d’immigration qui est le nôtre au Québec, nous avons quelques exemples d’héritières de ce féminisme et de ce que les maghrébines peuvent faire lorsqu’il leur est donné la chance d’y faire valoir leurs talents. Ainsi la jeune chanteuse d’origine algérienne, Linda Thalie se fraye tranquillement une notoriété dans le paysage artistique. Nadjwa Tlili est une prometteuse cinéaste d’origine tunisienne. Fatima Houda Pépin est la première femme d’origine marocaine mais également musulmane à siéger comme députée au parlement du Québec. Il y a bien d’autres talents cachés de maghrébines qui ne sont pas des personnalités publiques et d’autres encore qui attendent d’être mis à profit.

Farida Osmani

Sociologue, PhD

Leave a Reply