Élections provinciales : Le CCA questionne les partis politiques en lice …


Élections provinciales : Le CCA questionne les partis politiques en lice …


Le Centre Culturel Algérien (CCA) a sollicité les principaux partis en course pour les élections provinciales du 04 septembre pour une entrevue. Nous avons envoyé des courriels (ou contacté via leurs sites web) de demande d’entrevues aux partis suivants :

  • Parti Québécois (PQ)
  • Parti Libéral du Québec (PLQ)
  • Option Nationale (ON)
  • Québec Solidaire (QS)
  • Coalition Avenir Québec (CAQ)

Le CCA a proposé un ensemble de questions uniques, les mêmes pour tous les partis. Nous avons donné le choix aux partis de répondre soit par écris ou par vidéo. 

À la date de rédaction de ces lignes, seul le parti Option Nationale a répondu à notre demande. Nous vous reproduisons à la lettre les réponses fournies par le représentant de Option Nationale. 

À noter aussi, que pendant le mois de Ramadhan, nous avions invité les représentants des mêmes partis à venir rompre le jeûne avec les membres de la communauté et ainsi avoir l’occasion de débattre avec eux sur les sujets qui les intéressent.

M. Emanuelle Dubourg a répondu à notre invitation et a participé au Iftar accompagné de son attachée politique.

Le représentant de Option Nationale a répondu positivement à notre invitation. Nous n’avions malheureusement pas pu concrétiser sa présence en raison d’un conflit de calendrier.

Les partis suivants ne nous ont pas répondu : Québec Solidaire, Coalition Avenir Québec, Parti Québécois.

Mohamed Dadi Président du CCA

Ci-dessous la reproduction intégrale des réponses du parti Option Nationale à nos questions :

Début de l’entrevue


Entrevue avec M. Yanek Lauzière-Fillion

Option Nationale


Question 1 :  Présentez-vous ?

Je m’appelle Yanek Lauzière-Fillion, je suis candidat dans la circonscription de Crémazie où j’habite depuis 10 ans, et vice-président à la Citoyenneté et aux Communautés pour le parti Option nationale. Je détiens une maîtrise en histoire de l’art de l’UQAM. Ma profession est d’animer des classes de francisation aux immigrants au cégep du Vieux Montréal. Je connais donc très bien les communautés immigrantes. Je milite à Option nationale depuis les toutes premières rencontres de fondation du parti et j’ai été témoin des étapes de sa formation. Option nationale est une réponse à deux échecs: l’échec politique premièrement, puisque que les électeurs sont tannés des vieux partis déconnectés de la réalité et de la petite politique partisane ; et l’échec national deuxièmement, les Québécois ne pouvant plus se permettre d’avoir 50% des outils et 100% des problèmes.

Chez Option nationale, on met de l’avant l’expression « faire son LIT », en référence au L-I-T : Lois, Impôts, Traités : c’est la base d’un pays. Lorsqu’on demande aux Québécois s’ils souhaitent que les lois qui les régissent comme citoyens soient votées par le gouvernement du Québec, ils répondent Oui. Lorsqu’on leur demande s’ils souhaitent n’avoir qu’une seule déclaration d’impôts à faire au lieu de deux, ils répondent par l’affirmative. Ils répondent Oui à la gratuité scolaire, Oui à la souveraineté du Québec. Finalement, lorsqu’on demande aux Québécois s’ils désirent que les traités internationaux qui lient le Québec aux autres pays du monde soient négociés et signés par le gouvernement du Québec, ils répondent Oui. Ils disent Oui à Kyoto, Oui à un siège à l’ONU, et Non aux sables bitumineux de l’Alberta ou à la loi C-31 du gouvernement conservateur de Harper. Un Québec-pays s’en sortira mieux financièrement et culturellement qu’un Québec-province.

Question 2 : Quel est votre constat quant à l’intégration des immigrants, particulièrement ceux issus de la communauté arabo-musulmane ? Quelle priorité accordiez-vous à l’intégration des immigrants ? Quelles sont les grandes lignes de votre stratégie d’intégration de ces immigrants?

L’intégration des immigrants au marché du travail au Québec ne se fait pas sans heurts. Option nationale reconnaît que le cas du Québec n’est pas unique : le taux de chômage des immigrants est plus haut que celui des natifs, comme partout au Canada et comme dans tous les pays du monde où on pratique l’immigration. Des études statistiques récentes montrent qu’il n’existe pas de pays où les immigrants ont un taux de chômage comparable à celui des natifs. Partout au Canada, un candidat au nom à consonance étrangère a plus de difficulté à se faire appeler pour un entretien d’embauche qu’un natif. Ce qui distingue statistiquement le Québec par rapport aux autres provinces canadiennes, c’est que la différence entre le taux de chômage des immigrants et des natifs y est la plus grande, mais aussi qu’elle est la province la plus généreuse en termes de transferts gouvernementaux (aide sociale, assurance-parentale, etc.) aux immigrants. 

 Par ailleurs, pour Option nationale, le taux de chômage n’est pas la seule variable qu’il importe de vérifier, mais aussi la qualité des emplois occupés par les immigrants. Ainsi a-t-on trouvé que les immigrants aux États-Unis ont un taux de chômage plus bas qu’au Québec, mais occupent des emplois de moins bonne qualité. La comparaison avec le reste du Canada ou les États-Unis n’est donc pas toujours un bon indicateur, surtout en tenant compte du fait que le modèle économique y est différent, le reste du Canada et les États-Unis étant plus conservateurs sur le plan des services publics que l’est le Québec. Lorsqu’on compare des pommes avec des pommes, c’est-à-dire lorsqu’on compare le Québec à d’autres pays ayant un modèle social similaire, comme certains pays d’Europe du Nord, on constate une certaine similitude au niveau de la différence entre le taux de chômage des natifs et celui des immigrants. L’abondance de programmes sociaux pourrait expliquer en partie le taux de chômage plus élevé des immigrants, ceux-ci en profitant à juste titre pour acquérir de nouvelles compétences professionnelles, par exemple. Également, après plusieurs années, l’écart au niveau du taux d’emploi tend à diminuer.

Les immigrants de la communauté arabo-musulmane, comme ceux de la communauté « noire », sont celles qui sont le plus touchées par la discrimination en emploi parmi les divers groupes ethniques qui composent notre immigration.

Il faut s’attaquer de front à ces problèmes, particulièrement dans le secteur privé. Le Québec a un défi à surmonter au niveau de l’intégration des immigrants. Option nationale entend s’attaquer à ces difficultés grâce à son accession à l’indépendance qui permettra de mettre sur pied des mesures d’intégration en emploi dédiées spécifiquement aux immigrants. Nous proposons des mesures au niveau d’une meilleure reconnaissance des diplômes étrangers, d’une aide accrue aux services de régionalisation et de francisation, et de programmes sociaux de formation professionnelle pour les chômeurs. Ainsi Option nationale accélérera-t-elle la reconnaissance et le perfectionnement des professionnels de la santé issus de l’immigration afin d’accroître le personnel fonctionnel dans le réseau. Les immigrants qui désireront retourner à l’école sous un gouvernement d’Option nationale n’auront aucune dette à la fin de leurs études, puisque nous proposerons la gratuité scolaire balisée de la maternelle au doctorat. Une fois souverain, le Québec pourra gérer plus efficacement l’enveloppe budgétaire dédiée à la francisation des immigrants et pourra effectuer des choix plus humanitaires, notamment en abolissant la loi C-31 du gouvernement Harper.

Question 3 : Toutes les études et statistiques réalisées dans les dernières années s’accordent pour dire que les québécois d’origine arabo-musulmane sont les plus touchés par le chômage au Québec. Comment expliquez-vous cela en dépit de leur niveau d’éducation considéré parmi les plus élevés au Québec ? Avez-vous des explications pour démystifier ce problème ? Certains associent ceci aux différences religieuses et pensent que c’est à cause du racisme. Êtes-vous d’accord avec ça ? Si oui quelle serait votre stratégie pour lutter contre ce fléau qui est le racisme à l’emploi ?

Les facteurs qui expliquent cette discrimination sont multiples. Selon une étude récente de la Commission des droits de la personne, aucune discrimination n’est pratiquée dans le secteur public au Québec. Le problème réside dans le secteur privé, où certaines communautés sont plus touchées que d’autres, comme la communauté arabo-musulmane.

Le gouvernement Charest a proposé récemment de limiter les volumes d’immigration à un certain pourcentage par continent, ce qui est clairement discriminatoire et ne règle en rien la situation. Option nationale s’oppose à cette mesure. Pour augmenter le taux d’emploi des immigrants, nous proposons plutôt de favoriser l’intégration de l’immigration en région par le soutien d’organismes régionaux en s’inspirant, entre autres, de ce qui se fait dans la région du Lac-Saint-Jean. Des organismes comme ALPA sont un modèle à l’intégration des immigrants qui souhaitent s’établir en région. Emploi-Québec prévoyait l’année dernière 30 000 nouveaux emplois, mais encore faut-il se déplacer pour les trouver. Si 90% de la population immigrante s’établit à Montréal mais que 50% des nouveaux emplois sont offerts à l’extérieur de la métropole, le taux de chômage ne peut qu’aller en augmentant.

En ce qui concerne les différences religieuses, Option nationale entend favoriser la participation citoyenne autour d’un projet de constitution du Québec au moment de son accession à l’indépendance. Cette constitution enchâssera des droits fondamentaux, tels que l’égalité entre les hommes et les femmes et la laïcité des institutions.

Pour lutter contre le racisme en emploi, à mon avis, il faut stimuler la mise en place de programmes d’accès à l’égalité dans les entreprises privées et dans les OSBL.

Question 4 : Pourquoi, selon vous, le débat sur les aspects religieux prend beaucoup de place dans les campagnes électorales du Québec ? Selon vous, la diversité culturelle, qui est supposée être une richesse,  menace–t-elle l’identité nationale québécoise ? Pourquoi on observe ce phénomène uniquement au Québec ? Serait-il un phénomène culturel ? Vos explications, SVP ?

Selon moi, il faut s’intéresser à l’histoire du Québec pour comprendre sa réalité religieuse.

 Au début de son histoire, la population québécoise était peu pratiquante, contrairement aux élites en place. Ce n’est qu’à la moitié du XIXe siècle que l’Église catholique est devenue plus puissante et a pu imposer un plus grand contrôle sur la population, étant garante de l’identité et de la survie de notre peuple, jusqu’à la Révolution tranquille où son influence au niveau politique fut déclassée. Ayant adopté des valeurs nouvelles au cours des années 1960, les Québécois et les Québécoises ont rejeté la théocratie et lui ont préféré la laïcité des institutions. Ce choix a été définitivement positif pour les immigrants, puisque nous avons pu intégrer avec plus d’égalité au système scolaire et à l’emploi des personnes de toutes confessions.

Aujourd’hui, les valeurs religieuses ne font plus partie du débat public au Québec et demeurent plutôt du domaine privé, de l’opinion. La question demeure de savoir ce que nous ferons de notre patrimoine religieux, autant au niveau muséal qu’à l’Assemblée nationale. Comme tout peuple qui opère de grands changements en si peu de temps, nous avons eu besoin de temps pour opérer des changements aussi bouleversants. Il est donc dans le cours normal de l’histoire que le Québec en arrive à mettre de l’avant la question du patrimoine religieux lors des campagnes électorales. Dans tous les pays du monde, les questions identitaire et religieuse demeurent des sujets délicats qui ne sont aucunement uniques au Québec. Ce questionnement national devra s’arrimer avec la diversité culturelle nouvelle des quarante dernières années amenée par les communautés immigrantes. Ainsi, sûr de lui-même, fier de son passé et ouvert sur le monde, le Québec pourra accéder à son indépendance. Dans son plan d’accession à l’indépendance, Option nationale compte lutter contre toute forme de discrimination. La diversité culturelle renforce l’identité nationale québécoise.

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