DEBAT DES CHEFS, LES MINORITES INVISIBLES !

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Débat des chefs, les minorités invisibles !

Hier soir, comme de nombreux Québécois, vous avez certainement suivi, vous aussi, sur votre petit écran, le débat des Chefs. Un torrent de chiffres, un déluge d’accusations et de promesses. Un vrai combat de coqs qui s’est terminé comme il a débuté en ignorant totalement la place et l’avenir des Communautés Culturelles dans le Québec (Province ou pays). Minorités invisibles, minorités risibles, on a bien compris que nous comptons pour des peanuts dans les plates formes politiques des différents partis. Bien sûr, l’argument est déjà prêt et bien affûté pour répondre à nos jérémiades. Aux yeux de l’Etat, le sujet politique est le Citoyen, seulement le Citoyen. Les spécificités culturelles relèvent de l’ordre social, bien plus, comme l’exige la nouvelle tendance très en vogue en ce moment, les spécificités culturelles sont du domaine de la sphère privée.

Il est bien aisé d’escamoter un problème au niveau du discours. La réalité, elle, obéit à une autre logique. Devenir un citoyen n’est ni le fait du hasard ni le résultat d’une germination spontanée. Devenir citoyen est un processus, long, tortueux et dans une large mesure un processus douloureux. Il est donc impératif de s’occuper davantage et franchement des segments les plus fragiles de notre société, de leur consacrer, plus de temps, plus d’intérêt, et plus de considération. Construire la citoyenneté, plus précisément le citoyen, dépend d’abord d’une volonté politique qui motivera les néo québécois à rejoindre la majorité dans l’ordre et la sérénité.

Dire que les services de l’État existent pour tout le monde sans exception, c’est répondre par une simple lapalissade à une question complexe et compliquée. Les adeptes de la démarche citoyenne nous disent que le premier degré de la citoyenneté est de sortir de la spirale de la victimisation qui nous aspire, nous broie et nous empêche d’accéder à ce statut tant convoité de Citoyen. Un pur sophisme.

Lorsque les Juifs criaient leur douleur face à l’inimaginable massacre à grande échelle dont ils étaient victimes, avaient-ils raison ou étaient-ils seulement les tenants d’un discours victimisant ?

Lorsque les Noirs américains sortaient par centaines de milliers dans les rues de Washington et de Memphis pour dénoncer le racisme et la ségrégation, avaient-ils raisons ou étaient-ils de simples pleurnichards ?

Dans les deux cas que nous avons cités, l’humanité et l’histoire ont donné raison à ceux qui ont osé crier leur douleur. L’histoire a donné raison à ceux qui n’ont pas substitué leur statut de victimes à une illusion citoyenne maintenue en vie grâce à un respirateur artificiel, lui-même alimenté par les vents des discours creux.

Il est quand même curieux de voir ces minorités pourtant visiblesdisparaître du radar des partis politiques même durant cette compagne électorale. Les communautés culturelles sont–elles devenues un sujet si encombrant pour nos politiques ?

Pourtant quelques semaines seulement, avant le début de la compagne, on s’est livré à un véritable lynchage médiatique de ces mêmes communautés. Malgré les dérapages, malgré les discours haineux et xénophobes, nous avons cru naïvement, l’espace d’un moment, que le Québec allait enfin traiter, sans tabous ni pesanteurs, la question de l’intégration des nouveaux arrivants. Notre déception a été à la mesure de notre naïveté !

Comme pour rendre la chose plus surréaliste encore, Statistiques Canada nous apprend avec la froideur des chiffres que le Canada, y compris le Québec, sont entrain de se repeupler par l’immigration. Le taux des Allophones au Québec dépasse maintenant la barre des 18%.

La même source nous apprend que 80% des canadiens vivent dans les grandes agglomérations. Au Québec, les régions ne comptabilisent que 20% de la population québécoise. Comment, par quelle acrobatie intellectuelle peut-on donc expliquer l’intérêt particulier accordé aux régions avec leur 20%, lors du débat et l’absence de toute allusion aux communautés culturelles avec leur 18% ?

Nous vous laissons le privilège de répondre à cette simple question.

Par salamontreal

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